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J'ai testé le défi Monte-Cristo !

Pour la 25ème édition du défi Monte-Cristo, j’ai décidé de suivre les pas du célèbre Edmond Dantès, en m’échappant moi aussi de la prison du Château d’If à la nage jusqu’à la plage du Petit Roucas Blanc, le tout sur une distance de 5 kilomètres.

Publié le 6 juin 2023
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Anne Dallaporta
  • Marseille en 3 mots

    Surprenante, attachante et colorée

  • Mon domaine de prédilection

    Les spots de baignade, du sud au nord entre le Parc National des Calanques et la Côte Bleue, pour m’entrainer à la course annuelle du Monte Cristo, ce défi sportif et culturel unique et à l’identité 100% marseillaise !

D’où vient le défi de Monte-Cristo ?

En 1830, dans l’imaginaire d’Alexandre Dumas, Edmond Dantès s’échappe de sa prison du Château d’If à la nage après 14 ans d’incarcération injustifiée. Presque 2 siècles plus tard, dans la réalité cette fois, plus de 2000 personnes sur 3 jours partent de ce même Château, aujourd’hui Monument National, pour rejoindre la côte. Non plus pour fuir leurs geôliers (ouf), mais bel et bien pour le plaisir du challenge sportif, avec en petit bonus la magnifique vue sur la rade marseillaise. Et au milieu de tous ces nageurs fous et surmotivés, moi qui me demande si, comme Edmond Dantès, je vais arriver à nager ces 5 kms.

Avant le départ…

En ce samedi de début juin, le rendez-vous est à 7h30 sur les plages du Prado pour récupérer les bonnets, et partir par groupe sur les bateaux qui nous emmènent au Château d’If, d’où nous devrons tous revenir à la nage. On ne peut que constater que le trajet est long, même en navette, et ainsi de l’étendue de l’effort physique et mental qui nous attend… Heureusement, l’ambiance sur le bateau est très conviviale, et permet de cacher le stress grandissant qui monte en moi de façon alarmante. « C’est ma 8ème édition » me dit ma voisine de gauche, tandis que celle de droite enfile sa monopalme, et m’explique qu’avec son équipement elle doit tout faire en nage du papillon, ce qui ne l’empêchera pas d’arriver certainement parmi les premiers. Ne sachant pas trop si l’expérience de mes voisins est rassurante ou pas, je préfère me concentrer sur leur motivation communicative, convaincue que ça va être un moment formidable.

Ni une ni deux, nous voici tous débarqués, nous petit groupe de 400 personnes, sur les quais du Château d’If. Un dernier ravitaillement en eau, et c’est parti pour le briefing de course. Une consigne importante est de bien penser à sortir régulièrement la tête de l’eau (littéralement) pour s’assurer que l’on suit bien le tracé, histoire d’éviter de faire un petit détour par le Vieux-Port; ce qui transformerait cette 5K en calvaire sans fin.

Il est maintenant 8h30, le départ de la course est imminent. L’immense masse de nageurs palmés et leurs bonnets verts se jette donc à l’eau et s’élance vers la ligne de départ, à quelques mètres du Château. Une armada impressionnante nous entoure, constituée de kayaks, zodiacs, et autres trottinettes des mers, qui seront là pour nous guider pendant la course, et assurer le rapatriement en cas de pépin. Mais l’heure n’est pas aux inquiétudes, 5, 4, 3, 2, 1, entend-on dans le mégaphone… et c’est parti !

Le défi commence !

Comme je l’imaginais, le départ est un immense cafouillage, et je ne peux pas m’empêcher de penser que, vu de dessus, nous devons avoir l’air de petites fourmis affamées qui se battent pour une miette de pain. Coups de palmes dans la tête, proximité immédiate avec les autres nageurs, carambolages imprévus, j’ai même l’impression que certains nagent dans une direction complètement perpendiculaire à la mienne tant c’est confus. Heureusement, les différents rythmes de chacun font leur travail, et très vite les distances entre les nageurs s’agrandissent, permettant ainsi à chacun d’avancer comme si aujourd’hui la mer lui appartenait.

Après quelques centaines de mètres pour maîtriser mon souffle et mon rythme, j’évolue enfin enfin de façon un peu plus sereine, et passe la première bouée, qui de mémoire est à 930m du départ (plus que 4070, ouf !). Prochain objectif : l‘île Degaby, que nous contournons par la gauche, afin de nous rapprocher de la Corniche et longer la côte vers les plages du Prado. Je crois maintenant être environ à 1,5km du départ, or déjà les premiers signes de fatigue apparaissent. J’ai également définitivement renoncé à y voir quelque chose tant mes lunettes sont couvertes de buées.

Le saviez-vous ?

Dans le roman d’Alexandre Dumas, le héros part bien du Château d’If, mais pas pour rejoindre la côte, où l’attendent tous ses ennemis. Il se rendra sans vraiment l’avoir prévu sur l’île de Tiboulen, au large des Goudes. La distance entre les 2 îles est évaluée à environ 7 kms.

Retour sur la terre ferme

C’est parti maintenant pour la longue ligne droite qui va nous ramener vers l’arrivée. Une dizaine de bouées à passer, qui me permettent de faire un constat : bien qu’ayant préparé dans ma tête quelques petits sujets de conversation à avoir avec moi-même pour passer le temps, ils sont complètement inutiles. Dès que j’essaie de penser à autre chose, très vite seule la course me revient en tête, avec pour seul objectif d’avancer (idéalement le plus vite possible). Cela aura été l’un des aspects les plus positifs de mon expérience : sous l’eau, entouré d’un silence complet, pas de stress de la vie, du compte en banque qui diminue, du nombre de kilos qui augmente, de rien. Seul compte le mouvement des bras et des jambes, coordonné par le cerveau et son mental d’acier.

Plus d’1h30 après le départ, exténuée mais boostée par la perspective proche du retour à la terre ferme, je passe enfin l’avant-dernière bouée, avec en ligne de mire, cette fois, l’arrivée sur la plage. Plus que 360m, mais qui semblent tellement plus longs… J’entends de loin la foule à l’arrivée scander mon nom, c’est très flatteur et stimulant… et aussi complètement inventé, la tête sous l’eau je ne sais absolument pas ce qu’il se passe sur la plage, je suis obligée d’imaginer ce qui m’entoure. Un dernier effort et 50 m, 30, 10, 3, 2, 1… c’est fini, I DID IT ! La sortie de l’eau est un moment magique, je suis ravie et fière de cet accomplissement qui m’aura coûté, mais qui valait tellement le coup ! Quand on me met la médaille de « finisher » autour du cou, elle a pour moi la valeur d’une médaille olympique (j’en fais évidemment trop, mais mon cerveau est un peu en dysfonctionnement, comme l’ensemble de mon corps).

Une expérience accessible

Je ne peux que recommander cette expérience, même pour les nageurs du dimanche comme moi, qui pourront choisir parmi les nombreuses distances proposées, allant de 1 à 6 kms. Il y en a pour tous les niveaux, chacun y trouvera son compte, et cela donne une formidable expérience de ce qu’est la nage en mer. Une organisation sans faille, une équipe de bénévoles au top, tant au départ que pendant la course, une ambiance de compétition sportive mais très conviviale, je ne retiendrai que du positif de ce défi, et conclurai par quelques mots seulement : à l’année prochaine !

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